Le Sacre du Printemps II

Hollywood 24 juillet 1967 : une partition pour piano à quatre mains retrouvée un mois auparavant lors d’une vente aux enchères à Londres. Elle porte des annotations au crayon destinées à Nijinski. Manuscrit ? Imprimé ?

Il semble qu’il s »agit d’un exemplaire ordinaire dédicacé à Misia le 30 mai 1913, lendemain de la première et veille du jour où, atteint de typhus, Stravinsky est hospitalisé à Neuilly.

Stravinsky a donc constitué en quatre mois, en partant des esquisses une œuvre d’une extrême cohésion. A peine quatre mois entre la date au crayon de couleur sur la dernière esquisse et la signature en fin de la partition d’orchestre autographe. Les premières et seules dates notées dans le courant des esquisses vont du 1er au 11 mars 1912. A ce moment, il ébauchait les deux premiers épisodes du second tableau ; les Cercles mystérieux des adolescentes et la Glorification de l’élue, tout en revenant parfois à l’introduction de ce même tableau.

Il est donc certain qu’en février 1912, il avait entièrement fini d’esquisser la première partie du Sacre, ce que confirme la lettre à Roerich du 6 mars 1912, où il se montre surpris de la rapidité des tempi.

Les esquisses du second tableau prendront ensuite à peu près huit mois et demi de fin février à fin novembre 1912. La chronologie exacte du Premier tableau reste délicate :

  • Eté 1910, composition de Petrouchka : Accord initial des Augures.
  • Eté 1911, reprise de la composition (lettres à Roerich du 13/26 septembre
  • Septembre1911 – février 1912 : six mois pour les esquisses du 1er tableau).
  • 1912 : plusieurs semaines à Paris, en mai et juin. Articles publiés par Laloy et Vuillermoz, ami du compositeur.
  • 10 novembre 1912 : lecture du Sacre au piano avec Schmitt et Delage Lettre de Debussy, 8 novembre qui parle de la musique comme antérieure. Pourtant la date inscrite a la fin des esquisses : 4/17 novembre…

Mais pas plus que la lecture devant Debussy que celle chez Delage ne s’accordent avec l’état d’inachèvement de la partition du Sacre. La réduction à deux mains imaginée par Craft n’existait pas, par ailleurs aucun arrangement pour quatre mains n’avait été mis au net en sorte qu’on puisse la déchiffrer sans trop de difficulté. On en revient au point que Stravinsky a improvisé sur ses propres esquisses ou des copies de celles-ci. Sinon, les premiers auditeurs n’ont entendu que des fragments, les seuls alors exécutables au piano.