Expériences musicales

Ma première expérience d’une représentation musicale se passa au Théâtre Mariinski à Saint-Pétersbourg. J’avais alors sept ou huit ans et on m’emmena voir « Une vie pour le tsar ». On nous avait donné une loge officielle, et je me souviens qu’elle était ornée de « petits amours ailés dorés ». Le spectacle du théâtre et de l’audience m’émerveilla et plus tard, ma mère racontait que, alors que je regardais la scène, ravi par le son de l’orchestre (le son de cet orchestre est peut-être le plus grand plaisir de ma vie) je lui demandais, comme dans Tolstoï « Lequel est le théâtre ? ». Je me souviens également que c’est Napravnik qui dirigeait l’orchestre avec des gants blancs.

Le premier concert dont je me souvienne était à l’occasion d’une première s’une symphonie par Glazounov. J’avais neuf ou dix à l’époque, lorsque on acclama le nouveau compositeur Glazounov. Il était doté d’un extraordinaire pouvoir d’oreille et de mémoire, mais cela ne suffisait pas pour le comparer à un nouveau Mozart ; le prodige avait seize ans et il était déjà un académique confirmé. Son concert ne m’a pas inspiré.

Brahms fut la découverte de mon oncle Alexandre Iellatchitch. Ce gentilhomme avait une situation importante et était un homme riche. Il joua un rôle important dans mon développement musical. C’était un musicien amateur passionné qui pouvait passer des jours entiers à son piano. Deux de ses cinq fils étaient également des musiciens et l’un des deux ou moi-même étions toujours en train de jouer un quatre mains avec lui. Je me souviens qu’à douze ans, je jouais avec lui un quatuor de Brahms.

Glinka était le héros musical russe de ma jeunesse.

Conversations